1919-1941 – LES GRANDES TRANSFORMATIONS

Alfred Delpierre (1874-1957)

Alfred Delpierre, né près de Rouen, fait carrière dans la Marine. Après une dizaine d’années de navigation, le commandant Delpierre devient rédacteur pour différents journaux de marine puis dirige le moniteur de la flotte, publication de l’état-major. En 1915, il est nommé chef du bureau du secrétaire d’État à la Marine, ce qui lui permet des rencontres privilégiées et bientôt, grâce à ses relations, la fréquentation de la haute société de Monaco.
Après la première guerre mondiale, grâce à l’entremise du Comte Bazil Zahroff, Alfred Delpierre obtient la présidence de la très prestigieuse Société des bains de mer, fondée pour gérer le casino de Monte Carlo à Monaco.
Propriétaire d’une résidence à Saint-Quay-Portrieux, cette nomination va l’inspirer pour le développement de cette commune maritime accueillante où les bains de mer connaissent un certain succès. Il y est élu maire en 1919, avec l’ambition de faire de cette station familiale « un petit Monaco ».
Maire jusqu’en 1941, en 20 ans de mandature, il va profondément transformer Saint-Quay-Portrieux.
Alfred Delpierre décède à Monaco en 1957. L’actuel Hôtel de Ville est construit à l’emplacement de sa villa quinocéenne : « les Roses ».

Les réalisations des « années Delpierre »
Alfred Delpierre voit loin et propose pour la ville un véritable « plan d’embellissement » comprenant le percement de nouvelles voies de circulation, la réalisation de plusieurs jardins publics, l’aménagement des abords des plages et la construction de grands équipements à caractère touristique. Ce plan sera presque achevé à la fin des de sa mandature. Il a permis à Saint-Quay-Portrieux d’être tel que vous le connaissez aujourd’hui.
Entamés par les maires précédents mais loin d’être achevés, les travaux d’égouts, d’adduction d’eau, de réseau de gaz et d’électricité, sont repris. Indispensables pour accueillir des touristes dans de bonnes conditions, ils seront réalisés petit à petit.
Puis viennent les aménagements plus touristiques.
Les abords des plages sont organisés. Au-dessus de la plage de Saint-Quay, le déplacement de l’ancien cimetière permet la création d’une terrasse-promenade et d’espace pour des commerces et des bars. Le long du port du Portrieux, une promenade est plantée de palmiers.
Le sentier littoral est enfin achevé, grâce à l’achat de nombreuses parcelles privées qui s’étendaient jusqu’à la mer.
Tous ces cheminements sont bordés des fameuses barrières blanches, les « barrières Delpierre », signature de Saint-Quay-Portrieux. La ville en possède toujours les moules.
A partir de 1929, la municipalité lance la construction de quatre grands équipements :
- Le cinéma-dancing (voir le panneau « Cinéma-Dancing »), confié à l’architecte Jean Fauny est un joyau art déco, inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1995.
- Le Casino, au centre des festivités quinocéennes, avait une particularité remarquable : il était également un des premiers établissements de thalassothérapie. (voir la partie : « Casino et piscine »)
- Le « stade nautique » composé d’une piscine d’eau de mer à la forme originale et d’un plongeoir en bois à deux étages, permettait cours de natation et compétitions. Le plongeoir en bois à deux étages a été transformé par la suite. (Voir la partie « casino et piscine »)
- Enfin, des tennis sont créés ainsi qu’un club-house où s’organise la vie mondaine. Aujourd’hui plus que centenaire, mais à un autre emplacement, le tennis-club accueille toujours un tournoi estival réputé.
Sur les plages, l’agencement des cabines est organisé, les plages sont équipées de radeaux à tobogans, et la sécurité des baigneurs est assurée par des équipes de « gardes plages » installés dans des postes de guet.
Ces innovations et la grande qualité du programme des animations à la fois sportives et festives attirent une clientèle aisée. Le nombre des hôtels et des restaurants croît en flèche, celui des villas balnéaires également. C’est la grande époque du développement de Saint-Quay-Portrieux, jusqu’aux années qui précéderont la seconde guerre mondiale. En 1921, Saint-Quay-Portrieux obtient le classement en « station touristique » et en 1930 celui de « station climatique »
Les fêtes des années folles !
Ces équipements permettent à Saint-Quay-Portrieux de briller particulièrement autour des « années folles »
Alfred Delpierre a de nombreuses relations à la fois au sein de l’armée et de la bonne société monégasque. Elles lui permettent de faire venir des personnalités en vue et d’inviter régulièrement dans la rade du Portrieux des escadres de la Marine. Les « visites de l’escadre » seront pendant plusieurs années l’occasion de somptueuses fêtes à l’occasion du 14 juillet.
Le casino, avec son bar, ses salles de jeu et ses salles de danse où se produisent des orchestres, est au cœur de toutes les fêtes. Joséphine Baker y serait venue plusieurs fois.
Pendant la saison d’été, en plus des projections et représentations théâtrales au cinéma-théâtre, des concerts sont organisés dans les jardins publics, ainsi que des défilés de voiture et des concours d’élégance. Les feux d’artifices éclairent les soirées.


Côté sportif, « les mousquetaires », Lacoste, Borotra et Cochet, se produisent lors de compétitions de tennis ; le stade nautique de la piscine d’eau de mer accueille des concours de plongeons ; des courses hippiques ont lieu au Pré Mario ; de nombreuses régates sont organisées dans la baie ; on voit des hydravions se poser devant le port.
Le 15 août est l’occasion de grandes fêtes populaires. Tout le monde participe aux décorations florales de la fête Dieu, et une fête des fleurs voit défiler les chars fleuris des différents quartiers.



A l’approche de la seconde guerre mondiale, ces festivités perdront de leur éclat.
Ces équipements participent encore au charme, à la vitalité et à la renommée de Saint-Quay-Portrieux.