Les différentes vies du cinéma-dancing
Classée station balnéaire depuis 1921, la ville de Saint-Quay-Portrieux se développe en tant que telle, avec de nombreux vacanciers l’été.
A l’initiative de son maire, Alfred Delpierre, la municipalité décide en 1929 de doter la commune d’un ensemble multiculturel et multi activités, cinéma et théâtre, salle des fêtes et dancing.
Jean Fauny, architecte départemental des Côtes du Nord est choisi pour concevoir ce projet.
Pour répondre à cette demande, Jean Fauny imagine, dans un langage architectural nouveau, un projet de bâtiment en L. L’innovation principale réside dans la juxtaposition d’une salle de cinéma dont l’écran escamotable laisse place à une scène de théâtre et en retour du bâtiment, un dancing-salle des fêtes en rez-de-chaussée. La salle de spectacle est dotée d’une tribune et bénéficie de loges d’artistes en sous-sol alors que des salles à usage multiple sont prévues au-dessus de la salle des fêtes.
Depuis novembre 1995, le cinéma-dancing, aujourd’hui Arletty, est inscrit en totalité à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, comme représentatif du « Mouvement moderne en Bretagne » (voir la partie « une architecture résolument moderne »)
Le cinéma-théâtre
Il était fréquent que, dans les petites villes, le cinéma fasse également office de théâtre, accueillant indifféremment des représentations théâtrales, des opéras, du music-hall, des chanteurs ou des musiciens. Saint-Quay-Portrieux ne fait pas exception.
Les projections et autres attractions attirent les familles de Saint-Quay-Portrieux et des environs. C’est l’animation du week-end. Trois tarifs sont proposés, selon le confort du siège, et il faut parfois ajouter des chaises au milieu des allées lorsque les 486 places prévues ne suffisent pas à accueillir tous les spectateurs.
Le cinéma-théâtre accueille également des spectacles de fin d’année pour les jeunes et des séances de cinéma scolaire.
Devenu non-conforme aux normes de sécurité, le cinéma-théâtre, renommé « Cinéma Arletty » en 1994, ferme ses portes en mai 2003. Déjà propriétaire des murs, la municipalité acquiert le fond en 2005, pour une réouverture en octobre 2011, après restauration complète. Cette rénovation, respectueuse du lieu, a permis de conserver les loges d’artistes situées sous la scène ainsi que la tribune sous l’installation des sièges en gradin. Ces deux éléments sont masqués et inaccessibles.
La salle, désormais entièrement consacrée au cinéma et classée « Art et Essai », peut accueillir 167 spectateurs. Elle est exploitée en délégation de service public ce qui inclut, outre la diffusion de films grand public ou classés Art et Essai, la participation aux animations initiées par la commune ou les associations et la mise en place de programmations spécifiques pour les scolaires.
Le dancing salle des fêtes
D’abord appelé « foyer municipal », le dancing était destiné aux fêtes publiques. Il devait aussi profiter aux sociétés sportives, aux œuvres sociales, à la protection de l’enfance et à l’éducation physique et morale des jeunes gens, comme le précise le cahier des charges.
Hors saison et en semaine, il faisait fonction de salle de sport et de gymnastique. Les salles du premier étage accueillaient un ouvroir, un cabinet de consultation médicale pour les nourrissons et même des salles de classes préparatoires aux concours d’entrée de certaines administrations, comme la Poste.
Dans les années 1960, les jeunes qui viennent y danser au son des orchestres locaux surnommeront le dancing « salle Yéyé ». Ce nom a continué d’être utilisé, même si la période yéyé est achevée.
Les différents espaces n’étant pas utilisés en permanence pour des activités communales, il est décidé, dès l’ouverture en 1932, d’opter pour une exploitation et une mise en location des bâtiments aux conditions suivantes :
« Lorsque l’immeuble faisant l’objet de la location ne sera pas utilisé par la municipalité aux fins envisagées […] il sera affecté à l’usage de salle des fêtes pour réunions, bals, spectacles, cinéma et buvette »
Ces dispositions permettront entre autres à de nombreux couples d’y fêter leur mariage.
Désormais, les clubs sportifs et les associations qui utilisaient les locaux ont quitté les lieux pour d’autres mieux adaptés. Cette partie du bâtiment est fermée, dans l’attente d’une rénovation complète et d’une nouvelle vie.