De l’ancienne église à l’église actuelle

La première église paroissiale
La première église paroissiale connue de Saint-Quay-Portrieux était construite à proximité de l’actuelle plage du Casino. Ses parties les plus anciennes remontaient au 13e siècle, avec quelques agrandissements et remaniements aux siècles suivants.
Cette église basse, aux ouvertures étroites, d’environ 35 mètres de long sur 10 mètres de large, contenait quelques statues et tableaux qui ornent maintenant l’église actuelle et la chapelle de Kertugal. On y trouvait de très nombreux caveaux et pierres tombales car jusqu’à l’édit du parlement de Bretagne de 1719 interdisant, pour raisons d’hygiène, les sépultures à l’intérieur des églises, il était d’usage d’y enterrer nobles et notables. Le cimetière entourant l’église s’étendait vers la grève.
Il paraît que les cloches de la tour sonnaient d’elles-mêmes lorsque des voleurs approchaient…
Bâtie sur des « sablons » et très exposée aux vents marins, malgré un entretien régulier, au milieu du19e siècle elle était en très mauvais état. Avec les travaux du port, (construction de la nouvelle jetée en 1820 et prolongement en 1880), la population croissait avec l’activité. Les estivants étaient de plus en plus nombreux. Cette vieille église, devenue trop exigüe, semblait impossible à réparer.
La décision d’en construire une nouvelle, à un autre emplacement, fut prise en 1877, et l’ancienne église fut détruite en 1887. Il n’en reste rien.



A côté de l’ancienne église, un petit oratoire du 16e était consacré à Notre Dame de la Ronce, en souvenir du buisson de ronces miraculeux qui, selon la tradition, permit à saint Quay de s’abriter à son arrivée sur nos côtes. (La légende de saint Quay est détaillée sur le panneau « La fontaine Saint-Quay »). Cet oratoire lui aussi en très mauvais état a été détruit dès 1875.
Notre Dame de la Ronce

A l’apogée de la grande pêche jusqu’au milieu du 19e siècle, la statue de Notre-Dame de la Ronce qu’il contenait était l’objet d’une grande vénération dans la région. Les marins et leur famille lui manifestaient leur dévotion tout particulièrement au moment du départ vers Terre-Neuve. Les navires de toute la baie se rassemblaient alors dans la rade du Portrieux. Les voiles déployées et les ancres levées, les pavillons faisaient le signal du départ. Les navires qui en étaient équipés saluaient alors Notre Dame de la Ronce par un coup de canon en passant devant la plage.
Cette statue a été transportée dans l’église actuelle. Sa chapelle, à gauche du chœur, rappelle l’oratoire d’origine. Elle figure sur le panneau que vous avez sous les yeux.
Quelques années après la destruction de l’ancienne église, en 1892 les tombes du cimetière ont été transférées dans le cimetière de Bel Air, ouvert non loin de la nouvelle église. Le terrain anciennement occupé par l’église, le cimetière et la chapelle ND de la Ronce a permis l’aménagement des abords de la plage du casino ….

La nouvelle église
L’église paroissiale actuelle, dédiée à saint Quay a été édifiée entre 1879 et 1884. Elle est construite dans le style néo-gothique très prisé à l’époque.
L’arrivée du chemin de fer à Saint-Brieuc en 1863 avait rendu les villages côtiers accessibles aux estivants. En Bretagne, comme à Saint-Quay-Portrieux, de nombreuses églises, jugées trop petites ou trop vétustes, ont été remplacées par ces édifices néo gothiques intégrant parfois des parties anciennes, ce qui n’est pas le cas ici
Sur un plan de croix latine, en granite, schiste et tuffeau, elle est de vastes dimensions, 55m de long, 27m de large, avec une nef de 18m de hauteur portée par des colonnes conciliant élévation et légèreté. Le clocher de l’église culmine à 51m. Sous la direction de M. Guépin, architecte départemental et concepteur des plans, entreprises et artisans locaux ont assuré sa réalisation.
Les habitants de Saint-Quay-Portrieux se sont montrés très concernés par la construction de leur église.
Le terrain a été offert par deux paroissiennes. Le financement des travaux a été assuré pour l’essentiel par le conseil de fabrique, (assemblée de clercs et laïcs ayant, jusqu’à la loi de séparation de l’église et de l’état de 1905, la responsabilité de la gestion des fonds et revenus de la paroisse, et de l’entretien des bâtiments et du mobilier). Il a été complété grâce aux collectes auprès des paroissiens qui se révélèrent très généreux, par un emprunt et par une petite dotation de l’état.
De nombreux paroissiens ont contribué financièrement à l’ornementation des chapelles, aux verrières et vitraux, ont financé les cloches… jusqu’à l’architecte, propriétaire d’une maison à Saint-Quay-Portrieux, qui a réduit ses honoraires de moitié.
Le 11 mai 1884, en grande procession, le Saint Sacrement a été transporté de l’ancienne église à la nouvelle. Le 9 novembre de la même année, l’église a été solennellement consacrée par l’évêque de Saint-Brieuc au milieu d’une grande foule.

Le mobilier de l’église de Saint-Quay
A l’exception de quelques statues anciennes, le mobilier de l’église est contemporain de sa construction.
Quelques points remarquables :
La chaire et les stalles sont le travail d’un atelier de Lannion.
La chaire a été présentée à l’exposition universelle de Paris en 1889 et y a obtenu un prix. Elle rappelle le style du 13e siècle. Aux angles, les quatre évangélistes encadrent les panneaux représentant la nativité, la résurrection, la Pentecôte et l’Assomption.


Les vitraux du chœur ont été réalisés par un atelier du Mans.
Le vitrail central est consacré à saint Quay. Il représente une des nombreuses versions de sa vie, qui ne correspond pas aux recherches historiques. De bas en haut : sa consécration épiscopale, son débarquement sur la grève de Fonteny, sa mort. (Pour en savoir plus sur saint Quay, reportez-vous au panneau « la fontaine Saint-Quay »)
Le vitrail de droite représente la conversion, l’adieu aux Ephésiens et le martyre de saint Paul.
Le vitrail de gauche montre saint Augustin écoutant saint Ambroise, sa conversion et l’évangélisation du peuple d’Hippone.
Les vitraux des bas-côtés proviennent du même atelier que ceux du chœur et ont pour thème les stations du chemin de croix.
Une grande pieta de la fin du 19e siècle, « Notre-Dame de Pitié », orne le bas-côté nord.

Les vitraux des transepts et des chapelles secondaires, plus récents, datent de la deuxième partie du 20e siècle.
Construit dans les années 1900 pour une autre église par Joseph Merklin (1819-1905), figure de l’orgue romantique et concurrent de Cavallié-Coll, le grand orgue a été acquis par la paroisse en 1932.La dernière restauration complète date de 2011. Il comporte 3 claviers, un pédalier et 48 jeux.

Deux statues anciennes, datées du 18e siècle, proviennent de la première église : saint Quay et saint Samson, de part et d’autre du chœur.
Saint Quay a donné son nom à la commune. (voir le panneau « La fontaine saint Quay »).
Saint Samson est l’évêque fondateur de Dol au 6e siècle. Sa présence rappelle que la paroisse de Saint-Quay-Portrieux a été une enclave du diocèse de Dol jusqu’en 1802.


La statue de Notre Dame de la Ronce, du 16e siècle, domine l’autel de la chapelle secondaire nord. Elle provient de l’ancienne chapelle Notre Dame de la Ronce qui jouxtait la première église. Particulièrement vénérée par les marins, elle rappelle que d’après la légende, saint Quay, religieux venant de Bretagne insulaire au 5e siècle, après avoir traversé la mer « dans une auge de pierre », fut poursuivi et fouetté par les femmes du pays. La Vierge le secourut en le conduisant à l’abri sous un buisson que dominait une ronce gigantesque…

Dans une vitrine du transept nord, un reliquaire expose ce qui, d’après la tradition, est le Chef de Saint-Quay. Autrefois, au moment du pardon de Saint-Quay, le troisième dimanche de juillet, cette relique était portée sur un brancard. Surélevée, les fidèles passaient « sous le crâne » en signe d’allégeance et d’appartenance.
