Que savons-nous de saint Quay ?
Statue de saint Quay dans la vallée des saints à Carnoët (22)
Les représentations de saint Quay
Saint Quay est représenté parfois en évêque, parfois en abbé, parfois en ermite.
Statue de saint Quay – Eglise de Saint-Quay
L’apostolat de saint Quay – Eglise de Saint-Quay
Saint Quay – Chapelle Saint-Michel de Glomel (22)
Saint Quay navigue dans son auge de pierre
Mais que savons-nous de lui ?
Saint Quay serait un des nombreux religieux venus de bretagne insulaire au 5e siècle, que nous connaissons par des récits hagiographiques tardifs, des « vitae » (vie des saints), rédigés entre le 11e et le 13e siècle pour l’édification des fidèles et influencés par la littérature du temps, notamment par les romans de la Table Ronde.
Indifféremment nommé Ké, Kennan, Kerrien ou Colledoc…saint Quay a donné son nom à de nombreuses communes et lieux de culte. Il est vénéré des deux côtés de la Manche. Pour autant, il n’existe aucune certitude sur celui qui se cache sous ces différents vocables.
Quelle fut la vie, réelle ou supposée de ce saint ? Récits hagiographiques et contes populaires ne racontent pas la même chose…
Entre récits hagiographiques …
Un chapitre de l’ouvrage intitulé « les vies des saints de la Bretagne Armorique « , écrit en 1636 par Albert le Grand, relate la vie de saint Quay. Pour écrire son récit, ce dominicain de Morlaix se serait appuyé sur l’ancienne tradition orale et sur un manuscrit du 12e siècle aujourd’hui disparu.
A une époque profondément imprégnée de spiritualité, chaque événement de la vie était considéré comme découlant d’une intervention divine. La vie du saint est constituée d’une succession d’épisodes merveilleux et miraculeux, la puissance divine lui permettant de triompher des forces du mal.
Ainsi, avant de s’installer en Armorique, saint Quay aurait décidé d’abandonner la charge épiscopale qui était la sienne pour fonder en Cornouaille un ermitage pour lui et ses compagnons. Un jour un cerf pourchassé par le seigneur du lieu s’y réfugia pour se cacher. Le seigneur en colère s’empara alors des bœufs qui permettaient à saint Quay de tirer sa charrue. Le lendemain, des cerfs se présentèrent, se laissèrent atteler à la charrue et servirent le saint et ses disciples…En mémoire de cette merveille, le champ fut nommé « le champ des cerfs ». Peu de temps après, le cruel seigneur tomba de cheval et se rompit le col.
Livre de la chasse de Gaston Phébus – 1507 – BNF
Pour sa traversée vers l’Armorique avec ses disciples, saint Quay demanda l’aumône de quelques provisions à un riche marchand de Cornouaille. Par moquerie celui-ci leur désigna une grosse barge de blé échouée en les mettant au défi de l’emporter tout entière. Et la barge de blé suivit seule le navire de saint Quay et de ses compagnons jusqu’à Cléder, près de Roscoff, où il fonda un monastère autour duquel poussaient les plus opulentes récoltes de blé jamais vues.
Sa réputation de sainteté se répandant, il aurait été sollicité pour participer à des négociations de paix entre le roi Arthur et son neveu Mordred, révolté contre lui. Il repassa donc la mer, mais arriva trop tard ; Arthur et Mordred avaient trouvé la mort lors de la bataille de Camlann (Salisbury).
Ne voulant pas voir la ruine et la désolation de son pays, saint Quay s’en retourna à Cléder où il mourut autour de l’an 495. Sur sa tombe, plusieurs malades ayant demandé son intercession reçurent le soulagement de leurs infirmités…
Fontaine Saint-Quay – Cleder (22)
… et légendes
Nulle mention d’un échouage en baie de Saint-Brieuc ne figure dans ce récit….
La traversée miraculeuse dans une auge de pierre ou sur une pierre flottante est un thème souvent rencontré dans les récits concernant les saints bretons Si celle de saint Quay n’apparaît pas dans le récit d’Albert le Grand, elle appartient aux contes populaires et ses variantes sont nombreuses.
Saint Quay serait donc arrivé à bout de forces à Kertugal dans une auge de pierre, sans voile, sans avirons, sans vivres comme le relate le texte gravé sur la fontaine. A sa vue, des lavandières prenant peur le fouettèrent avec des genêts et le laissèrent pour mort. Sous son corps jaillit une source miraculeuse qui le guérit de ses blessures.
D’autre variantes existent dont celle relatée en 1879 par Ernest Du Laurent de la Barre (un des précurseurs en matière de recueil des contes et légendes qui circulaient lors des veillées.).
Elle est intitulée : Saint Quay et les femmes curieuses. La lecture en podcast est proposée après le résumé.
Résumé :
Saint Quay, revenant de Jérusalem, en vue de la mer, aperçut un village [Kertugal ?] et demanda à boire à des femmes qui discutaient. Effrayées par son aspect de pèlerin maigre et hirsute, elles le chassèrent. Le saint fit alors jaillir une source en enfonçant son doigt dans un rocher. Les femmes le prenant pour un sorcier le fouettèrent avec des branches de genêt, s’en saisirent et le transportèrent dans une auge (une « maie » à pâte) qu’elles jetèrent dans la mer du haut de la falaise. Miraculeusement ce curieux esquif tomba d’aplomb et commença à naviguer. Toutes les femmes se penchèrent sur la falaise et tendirent le cou pour observer ce prodige. Depuis ce jour, les femmes du pays ont conservé le cou long et de travers.
Apparu dans une chaloupe noire, le diable chercha alors à s’emparer de saint Quay . Mais, ayant béni de l’eau de pluie tombée dans son chapeau, saint Quay en aspergea le diable qui disparut aussitôt.