La chapelle Sainte-Anne
Sur la photo, remarquez la flèche du clocher originel. Il a été remplacé en 1929 par le clocher actuel.
Dès le 13e siècle un petit lieu de prière existait au cœur du Portrieux. Puis au 15e siècle une chapelle est édifiée. En 1643 un oratoire dédié à saint Clément, patron des marins, y est aménagé.
A partir de 1726 la construction au Portrieux de la première jetée maçonnée rend le port encore plus actif. La première chapelle devenue trop petite, le général de paroisse (conseil de paroisse chargé des éléments matériels) décide en 1770 de faire construire une chapelle plus vaste dédiée à sainte Anne. Les fonds sont collectés sous le nom de « frais communs ». Armateurs, marins, femmes, enfants, chacun contribue à sa manière, allant jusqu’à charrier les pierres et aider à la fabrication du mortier. Le gros œuvre est confié à un entrepreneur local. La nouvelle chapelle est achevée en 1775. Elle mesure 18,4×7,15 mètres avec une hauteur intérieure de 6,20 mètres.
A la Révolution, devenue bien national, elle est vendue à un particulier. En 1836 les paroissiens parviennent à la racheter ainsi que son mobilier grâce à une souscription. Cette chapelle, aujourd’hui bien communal, aura donc été financée deux fois par ses paroissiens !
Une restauration intérieure très complète a eu lieu entre 2000 et 2023. La chapelle accueille aujourd’hui régulièrement des concerts.
Le mobilier de La Chapelle
L’autel et le baldaquin
Mobilier et décoration intérieure ont été en grande partie financés par les pêcheurs eux-mêmes. Au Portrieux, les morues pêchées à Terre-Neuve ou Islande les dimanche et fêtes chômées étaient conservées dans des barils de sel béni avant le départ. C’était « la part à Dieu ». Le produit de leur vente au retour de campagne était affecté à la décoration et l’entretien de la chapelle.
L’autel a été sculpté à Marseille avec un marbre polychrome rapporté dans les cales des navires de retour d’Italie où avait eu lieu la vente de la pêche à l’issue de la campagne de Terre-Neuve. Il est surmonté d’un baldaquin en bois festonné, le tabernacle est encadré par deux putti.
Le plafond de bois en carène de bateau, récemment restauré, est décoré d’étoiles au-dessus de l’autel. On dit que chaque étoile symbolise un marin disparu…
La statue de saint Clément
Dans la première chapelle, un oratoire était dédié à saint Clément, patron des marins. Au 1er siècle de notre ère, Clément, 3ème évêque de Rome, aurait été persécuté et jeté à la mer avec une ancre au cou. Vénéré comme saint et martyr, il est ici représenté avec les attributs de la papauté, comme c’était l’habitude au 18e siècle.
La statue de sainte Anne
Cette statue est portée en procession au cours du pardon de Sainte-Anne le 26 juillet. Sainte Anne semble protéger sa fille, la vierge Marie. Elle est vêtue d’un manteau de velours bleu richement brodé par Julia Guyomar, une brodeuse quinocéenne.
Le retable de Philippe Matozrec
L’éducation de la Vierge – Philippe Matozrec – 1777
En 1777 la paroisse commande au peintre Philippe Matozrec (1726-1801), né et mort à Saint-Quay-Portrieux, un retable – tableau placé derrière l’autel. Le thème est « l’éducation de la Vierge ». On y voit sainte Anne et son époux saint Joachim apprenant à lire à leur fille, Marie.
En arrière-plan de ce tableau, nous découvrons la seule représentation connue à ce jour de la première jetée du Portrieux construite entre 1726 et 1757. C’était la première jetée maçonnée de la baie de Saint-Brieuc. Elle a été détruite et remplacée plus tard par l’actuelle jetée. Sur le tableau, le port est actif, on devine un chantier naval sur la grève et au loin des navires semblent se rassembler, peut-être pour le départ vers Terre-Neuve.
Le musée de Sainte-Anne d’Auray conserve nombre de tableaux de Philippe Matozrec, en grande partie des ex-voto.