Le pardon de Sainte-Anne au Portrieux
Le 26 juillet, les habitants du Portrieux décorent les maisons avec des filets de pêche et des fleurs. Le soir venu, après un office religieux dans la chapelle, la statue de la sainte solennellement portée, autrefois par des pêcheurs et des marins en tenue de travail, aujourd’hui par les paroissiens, est promenée en procession dans les rues au son des cantiques. Souvent accompagnée du bagad, la procession se termine par une bénédiction de la mer et, sauf si la météo l’interdit, par un feu de joie.
Refrain du traditionnel cantique à sainte Anne:
Sainte Anne, Ô Bonne Mère,
Toi que nous implorons,
Entends notre prière,
Et bénis tes bretons.
Depuis la fin du Moyen-âge, le « pardon » est une manifestation traditionnelle de la foi populaire bretonne. Cette démarche pénitentielle permet de demander au saint ou à la sainte d’intercéder pour les pèlerins. La cérémonie se tient à date fixe pour honorer et prier le saint patron ou la sainte patronne d’un lieu. Une messe est suivie d’une procession en extérieur selon un parcours déterminé, avec reliques ou statue du saint ou de la sainte, bannières et musique. La cérémonie religieuse est souvent suivie d’une fête plus profane.
Très nombreux sous l’ancien régime, les pardons disparaissent à la Révolution mais reviennent en force au XIXe siècle. Les plus importants sont ceux qui honorent la Vierge Marie, suivis par ceux consacrés à sainte Anne sa mère. Puis viennent tous les pardons qui concernent des saints locaux, en raison de leur capacité à soigner et à protéger. Les fidèles pouvaient ainsi placer leurs familles sous la protection du saint, mais aussi leurs autres biens : bestiaux, bateaux etc. Saint Quay fait partie de ces saints guérisseurs.
Les principaux « pardons » de sainte Anne se déroulent à Sainte-Anne d’Auray (56) et à Sainte-Anne la Palud (29). Ils rassemblent des milliers de personnes chaque année. D’autres pardons plus modestes ont lieu dans les nombreuses chapelles et églises qui lui sont dédiées. Comme à la chapelle Sainte Anne du port.
D’après la tradition chrétienne, sainte Anne est l’épouse de saint Joachim et mère de la Vierge Marie.
Son culte en Bretagne remonte à la première évangélisation de l’Armorique aux 5e et 6e siècles. Sainte Anne était honorée à La Palud depuis cette époque. Il est possible que le culte de sainte Anne ait pris la place de celui de la déesse celtique Ana, vénérée dans nos régions dans les premiers siècles de notre ère.
L’éducation de la Vierge – Philippe Matozrec – 1777 (détail)
En août 1623, sainte Anne serait apparue à un paysan du Morbihan, Yves Nicolazic, près d’Auray. A cet emplacement une chapelle est édifiée, puis la basilique Sainte-Anne d’Auray et le culte de sainte Anne se répand dans toute la Bretagne. Presque toutes les églises bretonnes ont leur statue de sainte Anne, de nombreuses chapelles ou églises lui sont consacrées.
Portrait d’Yves Nicolazic – Philippe Matozrec
Le 26 juillet 1914 le pape Pie XI consacre sainte Anne « Patrona Provinciae Britaniae », « Patronne de la province de Bretagne ». Elle partage désormais ce titre avec Saint Yves, saint patron de la Bretagne depuis la fin du Moyen Age. Elle est parfois surnommée « Mamm gozh ar Vretoned » « grand-mère des bretons »
Sainte Anne est fêtée le 26 juillet.