Et de nombreux autres artistes venus à Saint-Quay-Portrieux

Le port – Joseph Alexandre Ruellan
Philippe Matozrec (1726-1801) né et mort au Portrieux
Dans la chapelle Sainte-Anne, le retable L’éducation de la vierge, peint par Philippe Matozrec en 1777, est une commande du conseil de fabrique. Un détail de cette scène biblique représente la première jetée du port, avec un petit chantier naval.
Matozrec a surtout illustré des scènes religieuses et des miracles, représentés sur de grandes toiles qui se trouvent pour certaines dans la basilique de Sainte-Anne-d’Auray

L’éducation de la Vierge (détail) – Philippe Matozrec – 1777
Jean-Baptiste Leopold Levert (1819-1882)
Peintre et graveur, il est cofondateur de la fondation de la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs, en 1874. Il a comme élève Henri Rouart, avec lequel il vient en Bretagne. Levert passe l’été 1875 au Portrieux et envoie à l’exposition impressionniste de 1876 à Paris, neuf tableaux dont quatre sur le Portrieux

portrait de Jean Baptiste Levert – Edgard Degas

Vue du port depuis le Port-es-Leu – Jean-Baptiste Levert – collection particulière
Henri Rouart (1833-1912)
Ingénieur et industriel, Henri Rouart, se consacre à la peinture tardivement. Degas est son ami et il peint régulièrement en compagnie de Millet et Corot. Très proches des impressionnistes, il en sera aussi le mécène et le collectionneur.
Il découvre notre région en 1866 avec le peintre Levert, son professeur, puis séjournera au Portrieux et Bréhat en 1873.
Henri Rouart est le pilier d’une grande famille de peintres, écrivains, philosophes. Son fils Ernest épouse en 1900 Julie Manet, fille de Berthe Morisot.
Louis Marie Faudacq (1840-1916)

Portrieux – Louis Marie Faudacq
Sa famille est originaire de Bretagne en Goélo, mais Faudacq ne s’y installe définitivement qu’en 1868.
Son métier de douanier lui permet d’arpenter à pied tout le littoral lors de ses tournées d’inspection. Appelé affectueusement « gobe la lune » par ses amis, Louis Marie Faudacq parcourt les sentiers côtiers avec son chien, de jour comme de nuit.
De forte stature, habillé d’une veste de velours, chaussé de souliers ferrés, Faudacq emporte toujours son carnet à dessins. Avec un trait sûr, il esquisse le paysage littoral, les équipements portuaires, l’évolution de l’estran au fil des marées, sur la côte et le long du Trieux.
Il croque sur le vif les métiers, la vie des paysans et des marins, les bateaux avec des descriptions précises et nous laisse des chroniques très suggestives de scènes quotidiennes.
Faudacq collabore de 1885 à 1894 à la revue le Yacht, journal de la navigation de plaisance dans lequel on retrouve ses croquis et illustrations fidèles de bateaux
Son œuvre immense est un précieux témoignage de la vie locale en Goélo, à la fin du 19e siècle. Il est remarqué ainsi par Signac qui sera son premier collectionneur et fera reconnaître son œuvre. Faudacq trouvera tardivement, après sa mort, un écho auprès d’amateurs éclairés.
Retiré à Ploubazlanec, Faudacq meurt en 1916.

Paul Lecomte (1842-1920)
Oncle de Paul Emile Lecomte (peintre officiel de la marine), Paul Lecomte est venu au Portrieux au cours de ses nombreux séjours en Bretagne.
Par l’atmosphère que dégagent ses tableaux, il est considéré comme un des derniers représentants de l’école de Barbizon.
Louis Henri Saintin (1846-1899)

Après l’Orage – Louis Henri Saintin – 1894 – Collection Musée d’art et d’histoire, Ville de Saint-Brieuc
Ce grand tableau (136 x 200 cm), peint lors d’un séjour au Portrieux, sera proposé au salon de la Société nationale des beaux-arts en 1895, puis remis au musée de Saint- Brieuc en 1902.
« Après la violence de l’orage, dans la luminosité du ciel et de la mer, le port semble surgir de la palette vert sombre de la lande. Ce tableau est une composition d’atelier, l’ajout du calvaire, probablement celui de la rue Louais fait référence à la piété bretonne». (Denise Delouche)
Louis Henri Saintin est un peintre de paysages et de natures mortes, proche de l’école de Barbizon.
Né à Ivry sur Seine et mort à Paris, après avoir peint les alentours de Fontainebleau, Henri Saintin n’en puise pas moins son inspiration en Bretagne.
Grâce à ses amis peintres Alexandre Ségé et Francis Blin, rencontrés à l’Ecole des beaux-arts de Paris, Saintin découvre la Bretagne et s’établit à Plurien près du cap Fréhel en 1875.
Contemporain d’Eugène Boudin, cet artiste sensible aux changements atmosphériques fréquente particulièrement les Côtes du Nord, en toutes saisons, de Erquy à Saint Cast. On lui doit cent vingt-six œuvres réalisées sur ses sites privilégiés, ainsi que de nombreux dessins et aquarelles.
Louis Henri Saintin sillonne les côtes de la baie, pour étudier in situ les variations de la lumière au fil des heures et des marées. Doué d’un grand sens de l’observation, il se verra confier, à ce titre, les illustrations de la région de Montfort-sur-Meu pour un inventaire du patrimoine d’Ille-et-Vilaine.
En 1870, Louis Henri Saintin rejoint un collectif d’artistes dissidents, en désaccord avec la scission du salon en deux expositions
Saintin est un peintre dont la carrière reste discrète, malgré une œuvre importante. Il a beaucoup exposé pendant 25 ans mais peu vendu aux marchands d’art. Il donne volontiers ses tableaux, par modestie sans doute, à des amateurs qui sont sensibles aux atmosphères bretonnes qu’il retranscrit dans ses toiles.
A sa mort, le contenu de son atelier sera dispersé aux enchères à Drouot.
Ses tableaux se trouvent aux musées du Louvre, Orsay, Carnavalet, Rennes, Saint-Brieuc
Emile Clavel (1848-1932)
Attiré par les rivages et la lumière de Saint-Quay-Portrieux, Emile Clavel achète un terrain au-dessus de la Grève-noire en 1895 et y fait construire sa villa. Il faisait partie de la Société des Artistes Français et exposait régulièrement. La plupart de ses œuvres peintes ici sont dans des collections particulières, dont une quinzaine furent présentées lors d’une exposition à la mairie, intitulée deux frères artistes peintres entre 1887 et 1920.

Le port – Emile Clavel -collection particulière
Marie-Joseph Léon Clavel , dit I Will (1850-1923)
Frère d’Emile, Léon Clavel se consacre entièrement à la peinture. Grand voyageur, il rencontre un franc succès pour ses pastels, ses huiles et les atmosphères diaprées qu’il rend dans ses tableaux de Venise et des Pays Bas. Il fait partie de la Société des Artistes Français et expose régulièrement à ce titre. Il est enterré à Saint-Quay-Portrieux.
De nombreux musées parisiens, étrangers et de province ont acquis des toiles du peintre.

Portrieux – I Will – 1892 – collection particulière
Joseph-Alexandre Ruellan (1864-1931)
Ce peintre, né dans une famille d’armateurs à Saint-Quay-Portrieux, met ses pas dans ceux de son grand aîné Boudin, qu’il admire. Jusqu’en 1901, les armements Ruellan font naviguer une flottille de navires armés pour Terre-Neuve et l’Islande. Joseph-Alexandre Ruellan, enfant du pays, répond à de nombreuses commandes privées pour des personnes aisées qui apprécient sa peinture. Certaines se trouvent encore dans les familles quinocéennes.
Quelques-unes de ses œuvres sont visibles au musée de Saint-Brieuc.

Lumière du matin – Joseph-Alexandre Ruellan
Marie-Thérèse Auffray (1912-1990)
Marie-Thérèse Auffray née en 1912 à Saint-Quay-Portrieux est une artiste peintre à la trajectoire peu commune. Résistante pendant la Seconde Guerre mondiale, elle s’implique dans de nombreuses organisations politiques et intellectuelles. Ses œuvres expressionnistes interrogent sur la condition féminine et ses tableaux sont toujours engagés. Une rétrospective lui a été consacrée en 2018 à Saint-Quay-Portrieux.
(https://mariethereseauffray.wordpress.com/biographie/)

Maquereau et rouget grondin – Marie-Thérèse Auffray – 1955 – collection particulière
Les Peintres officiels de la Marine
sont invités en escale à Saint-Quay-Portrieux en 2016
L’institution des Peintres officiels de la Marine est un corps spécifique de la Marine. Les membres reçoivent cette distinction de la part de leurs pairs, peintres, illustrateurs, sculpteurs, graveurs, photographes, cinéastes et ont rang de capitaine de corvette. Elle leur permet de faire suivre leur signature d’une ancre de marine.
Sous la présidence de Jacques Rohaut, Jean pierre Arcile, Michel Bellion, Michel Bernard, Jacques Coquillay, Cristoff Debusschere, Jean Pierre Le Bras, François Legrand, Jean Lemonnier, Guy L’Hostis, Jean Gabriel Montador, Christiane Rosset-Beaudesson, Stéphane Ruais, Anne Smith nous ont laissé chacune et chacun plusieurs oeuvres qui ont fait l’objet d’une belle exposition et d’un catalogue, édité par les Amis de Saint-Quay-Portrieux et ses environs.


Le Saint-Quay – Jean-Pierre Arcile, peintre officiel de la Marine – 2016 – collection particulière

La grue sur le nouveau port – Cristoff Debusschère, peintre officiel de la Marine – 2016 – collection particulière
Jean Claude Fournier né en 1943
Dessinateur et scénariste de bandes dessinées, Fournier fait partie intégrante du Portrieux où il réside. L’auteur de nombreux albums transporte ses lecteurs dans un monde d’aventures et de rêve. Avec plus de cinquante années de création de personnages, les dessins de Fournier évoluent dans un style plus réaliste et racontent des aventures inspirées de l’histoire.
Toujours dans sa bulle, Fournier a publié une bande dessinée autobiographique Ma vie de rêves en 2024. Jean Claude Fournier a aussi accueilli et encouragé de jeunes débutants comme Emmanuel Lepage, premier auteur de bandes dessinées nommé Peintre officiel de la Marine en 2021.

Mais encore, comment ne pas évoquer les peintres qui n’ont pas toujours eu la reconnaissance qu’ils méritaient, n’ont pas eu la faveur des musées, tous les artistes amateurs qui se sont posés un jour dans notre commune pour retranscrire leur émotion sur une toile. Ils sont si nombreux !
Des familles quinocéennes sont dépositaires de tableaux qui, pour certains, ont été aimablement prêtés lors de l’exposition « le Portrieux, jadis et naguère, toutes toiles dehors », en 2018.
Que ce soit dans la brume, dans les grains, les éclaircies et la pleine lumière pour les paysages ou dans les scènes portuaires, nous découvrons à chaque fois, à des époques différentes, des techniques et des sensibilités diverses pour chaque artiste.
Souhaitons qu’ils soient encore nombreux à trouver l’inspiration à Saint-Quay-Portrieux.