Skip to main content
  • Français

large-scale fishing, coastal shipping, inshore fishing

Départ pour les Bancs

As early as 1612, ships from Le Portrieux and Binic were the first in the Bay of Saint-Brieuc to go cod fishing in Newfoundland.
Salted or dried, cod was easy to store and transport. It provided food for the population during the many “lean” (meatless) days imposed by the church.

Chapelle Sainte-Anne Saint-Quay-Portrieux
The crossing to Newfoundland, 2,250 nautical miles long (4,167 km), took at least three weeks. The voyage was perilous on ships carrying 30 to 50 crew and loaded with the small boats that would be used to fish off the coast of Newfoundland. Departure was in the spring. As the Portrieux roadstead was the deepest, the cod boats from all over the Bay of Saint Brieuc would gather there before the big departure.
Chapelle Sainte-Anne Saint-Quay-Portrieux
Terre-Neuve et Islande, deux destinations bien différentes.

After a long, hard fishing season in Newfoundland and on the Grand Banks, the boats returned home towards the end of August or the beginning of September. Some of the ships did not return to Brittany and went directly to sell their cargo of cod in Marseille or other Mediterranean ports. They returned to their home port just before spring, loaded down with various goods (oil, soap, etc.), salt bought in Vendée for future campaigns and alcohol for the crew’s daily rations.

At the beginning of the 19th century, deep-sea fishing shipowners discovered a new Eldorado: Iceland. The crossing to Iceland was shorter than the one to Newfoundland, the campaign was longer, the fishing more profitable, but also more dangerous because storms were frequent and the coasts inhospitable. The ships used for Newfoundland were neither fast enough nor manoeuvrable enough for Icelandic waters, so the slimmer, faster, more manoeuvrable topsail schooner, the flagship of Paimpol’s shipyards from 1850 onwards, became the emblematic Icelandic ship described by Pierre Loti in “Fishermen of Iceland”. The sailors did not disembark and fished from the ship, the cod being prepared and salted on board.

Chapelle Sainte-Anne Saint-Quay-Portrieux
Carte réduite de l’île de Terre-Neuve – 1784 – Service Hydrographique de la Marine

Icelandic fishing began at the end of February and generally ended in September. As with the Newfoundland fishery, some boats returned to port, while others continued to market their catch along the Mediterranean coast.

Good years, bad campaigns, shipwrecks, Portrieux lived to this rhythm until the end of cod fishing. The whole country was organised around this fishing economy: shipowners, captains, sailors, mousses, victuallers, carpenters and so on. At its peak in 1820, ten ships left Portrieux for Newfoundland with 550 sailors on board. In 1872, four ships left for Newfoundland with 93 men and eleven for Iceland with 240 men.

The last cod fishing campaign took place in 1920 at Portrieux.

Navires terreneuviers échoués dans le port de Portrieux

    Après une traversée de 3 à 4 semaines selon les conditions de mer et de vent, ils jetaient l’ancre dans les havres de Terre-Neuve. L’arrivée pouvait être difficile si l’île était encore prise par la banquise. Les chaloupes montées par 6 à 8 hommes partaient pêcher depuis la côte et rentraient à terre chaque soir. Le poisson était alors préparé – on disait “habiller la morue” – : ouvert, vidé, étêté et débarrassé de son arrête centrale, salé et enfin étendu sur les “graves”, plages de pierres plates propices au séchage du poisson. De jeunes enfants et adolescents de l’arrière-pays du Goëlo étaient chargés de cette tâche ingrate et réalisée dans des conditions difficiles. On les appelait les “graviers” Ils sont représentés dans le dessin figurant en haut à gauche du panneau. 

    Le retour s’effectuait généralement vers la fin du mois de septembre ou en octobre. Cette “morue sèche” était rapportée jusqu’au port d’attache pour y être vendue. Mais certains navires ne rentraient pas directement à leur port et partaient en équipage réduit vers Marseille ou d’autres ports de Méditerranée où le cours de la morue était plus favorable.
    Après avoir rempli les cales de marchandises diverses, (huile, vin, savon…) ils prenaient le chemin du retour et s’approvisionnaient en sel et en eau de vie pour la prochaine campagne. Ce retour s’effectuait contre le vent, le passage de Gibraltar pouvait être problématique, et la remontée du golfe de Gascogne tourner au calvaire pour ces lourds navires qui peinaient à remonter au vent… Certains devaient même rationner la nourriture si le voyage se prolongeait.

    Le Portrieux a armé pour Terre-Neuve dès le 16e siècle et cela jusqu’en 1886. En baie de St Brieuc à partir de 1850, la restriction des droits de pêches à Terre-Neuve et la diminution de la ressource a conduit les armateurs à préférer la pêche sur les bancs.

    Carte de Terre-Neuve – Nicolas de Fer – 1713 (détail)

    COASTAL SHIPPING

    Pourquoi ce nom de : “les bancs” ? Il s’agit d’un ensemble de plateaux sous-marins au sud-est de Terre-Neuve, au confluent du Gulf Stream et du courant du Labrador. Leur profondeur pour la plupart entre 50 et 100 mètres et les nutriments rapportés par les courants en font une zone propice à toute la vie animale, et donc à la pêche.

    On sait que la pêche sur les bancs de Terre-Neuve a été pratiquée par les navires de la baie de St Brieuc depuis le 16e   siècle, mais de façon moins importante que la pêche sédentaire. Elle a connu son apogée dans la deuxième partie du 19e siècle.

    Until the end of the 19th century, coastal shipping was an essential means of transport and communication, as the roads in Brittany were very poor or non-existent.

    Everything was transported by boat: maerl (marine sediment used as a limestone amendment for agriculture), livestock, timber, vegetables, passengers, etc. The routes were coastal, but also across the Channel or up towards Northern Europe. Le Portrieux has always been a very active coastal shipping centre.

      Ramené à bord, le poisson était préparé (“habillé”) sur le pont et salé dans la cale du navire. Il y restait jusqu’au retour au port d’attache, sauf si une escale à Saint-Pierre et Miquelon permettait un déchargement de la première pêche et un réapprovisionnement en sel. La morue ainsi conservée s’appelle “morue verte” et se conserve moins longtemps que la morue sèche. Débarquée, elle doit être lavée et brossée pour la débarrasser de son sel et mise à sécher en plein air. 

        Dans la deuxième partie du 19e siècle on ne pêchait plus que sur les bancs. L’archipel de Saint-Pierre et Miquelon, demeuré français, était devenu un point de passage obligé pour le ravitaillement, les soins médicaux, le courrier… mais aussi pour refaire provision de sel et de boëtte (appâts) avant de repartir pour la deuxième pêche. La morue débarquée pouvait être séchée sur les graves de Saint-Pierre et transformée en morue sèche, travail dévolu à des jeunes garçons de l’arrière-pays breton, les « graviers » qui l’accomplissaient dans des conditions proches de l’esclavage. Les navires pourraient aussi ramener directement leur cargaison en France pour y être séchée. Au début du 20e siècle, la morue verte était traitée dans des sécheries mécaniques installées dans les grands ports de débarquement.

        Le Portrieux, très attaché aux côtes de Terre-Neuve, a assez peu pratiqué la pêche sur les bancs. En baie de Saint-Brieuc elle s’est poursuivie jusqu’à la première guerre mondiale, mais avec moins d’intensité qu’à la côte de Terre-Neuve. 

        COASTAL SHIPPING

        Carte d’Islande en 1844 – Olsens Olafs

        Aux abords de cette côte aux rivages déchiquetés et aux fjords profonds, tempêtes et ouragans étaient fréquents, et la mer violente. Mais le poisson abondait, alors qu’il se raréfiait autour de Terre-Neuve. 

        Les eaux territoriales islandaises, interdites par un monopole danois, se sont entr’ouvertes en 1766, mais sans autoriser les navires étrangers à entrer dans les ports. En 1854, c’était enfin la possibilité d’aller à terre. A partir de cette date, pour profiter de ses eaux poissonneuses, les armateurs se sont massivement tournés vers la pêche “à Islande” – car ne débarquant pratiquement pas on n’était pas “en Islande” 

        Le navire le plus adapté à la destination islandaise était la goélette paimpolaise, fine, légère et bien plus manœuvrante que les grands 3 mâts de Terre-Neuve et des bancs. Pêchant depuis le bord, plus besoin d’embarquer de “doris”, l’équipage était composé d’une trentaine d’hommes, parfois moins. 

          Until the end of the 19th century, coastal shipping was an essential means of transport and communication, as the roads in Brittany were very poor or non-existent.

          Everything was transported by boat: maerl (marine sediment used as a limestone amendment for agriculture), livestock, timber, vegetables, passengers, etc. The routes were coastal, but also across the Channel or up towards Northern Europe. Le Portrieux has always been a very active coastal shipping centre.

          Comme sur les bancs, une fois à bord le poisson était “habillé” sur le pont puis salé et stocké dans la cale du navire jusqu’à la fin du mois de mai, fin de la première période de pêche. 

          Pendant un mois, le navire pouvait relâcher dans un fjord. Chaque port d’armement avait ses habitudes : pour Le Portrieux et Binic, c’était Patrixfjord. Repos lessive et toilette pour les hommes qui appréciaient les sources chaudes islandaises, entretien du bateau, ravitaillement… Le chargement de poisson était pris par un navire “chasseur” affrété par l’armateur pour être vendu au plus vite. Puis c’était le temps de la deuxième campagne, avant le retour en septembre.

          Paimpol, le port emblématique des “islandais” a été immortalisé par Pierre Loti. Les ports de la baie de saint Brieuc, Binic, le Portrieux, le Légué et Dahouet, ont aussi armé pour Islande, tout en poursuivant la pêche sur les bancs de Terre-Neuve. Au Portrieux, l’année des plus gros départs pour Islande a été 1870 avec 18 navires armés (43 pour l’ensemble de la baie de Saint-Brieuc et 48 pour Paimpol). Paimpol vers 1895 armait plus de 80 navires…
          Cette pêche a cessé peu après la guerre de 14, les morutiers à vapeur remplaçant les goélettes et l’Islande limitant l’accès à ses eaux territoriales.